Les Grecs anciens mangeaient-ils des cigales ?


Par Sébastien Polet


Manger des insectes est de plus en plus évoqué dans les médias. Cela ne choque guère quand il s’agit de pratiques situées hors d’Europe. Mais dans nos régions la consommation d’insectes  est marginale.


Pourtant, Aristote dans son Histoire des animaux décrit clairement la cigale comme un met pour l’homme. Le savant de Stagire, précepteur d’Alexandre le Grand et de Ptolémée Ier, fut un naturaliste avisé. Cinq de ses œuvres furent consacrées à la zoologie. L’Histoire des animaux est un classement des animaux sur base d’observations. L’Homme est inclus dans l’étude d’Aristote. 508 espèces sont présentées dans les neuf livres de l’œuvre.

L’essentiel de l’Histoire des animaux est un classement des espèces animales. Aristote divise notamment le vivant en vivipares et ovipares, terrestres et aquatiques, vertébrés et invertébrés. Il s’intéresse à la naissance, la croissance, la reproduction des différentes espèces. Il répertorie également les différences de genre.

Aristote ne s’intéresse guère aux animaux en tant que nourriture pour l’Homme. Sauf dans le cas de la cigale. Deux types de cigales sont présentés dans le trentième chapitre du cinquième livre de l’Histoire des animaux. Aristote présente les différences entre les grandes et petites cigales, le « chant » de certaines d’entre-elles, leur milieu de vie, leur reproduction, leur anatomie.

Vient ensuite ce passage :
« Ce sont d’abord les mâles qui sont les meilleurs au goût, puis, après l’accouplement, les femelles, car elles sont pleines d’œufs blancs ». Les remarques d’Aristote démontrent de fines observations de l’insecte.

D’autres auteurs antiques s’intéressèrent aux cigales : Elien, Hésiode, Plutarque, Archias, Platon… Mais Aristote fut le seul à évoquer ainsi la cigale comme un aliment. L’auteur n’étant pas réputé pour des récits peu crédibles, il est donc concevable que les Grecs consommaient occasionnellement des cigales.



Pistes bibliographiques


ARISTOTE, Histoire des animaux, trad. PELLEGRIN (P.), Paris, 2017 (GF).
BODSON (L.), "La stridulation des cigales. Poésie grecque et réalité entomologique", dans L’Antiquité Classique, t. 45, f. 1, 1976, p. 75-94.
ÉLIEN, La personnalité des animaux, livres I à IX, 2e tirage, trad. ZUCKER (A.), Paris, 2004 (La roue à livres).
ÉLIEN, La personnalité des animaux, livres X à XVII et index, trad. ZUCKER (A.), postface de BAILLY (J.-C.), Paris, 2002 (La roue à livres).
HÉSIODE, Théogonie - Les Travaux et les Jours - Le Bouclier, trad. MAZON (P.), Paris, 1996 (C.U.F.).





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