Les
Germains dans l'Antiquité
Par Carine Mahy
Nous
ne disposons pas de sources directes pour l’étude des origines et de
l’histoire des Germains. La connaissance de ces populations, de leurs
coutumes, de leur religion et de leur société doit être abordée à
travers les témoignages de leurs voisins, les Romains. Parmi ces
sources, la plus importante est le traité que Tacite a consacré à la
Germanie.
Les Germains et l'écriture
Aucun texte
littéraire n’est attesté chez les populations germaniques de
l’Antiquité. Les mythes semblent s’être transmis par voie orale. Une
écriture est bien associée à cette culture, l’alphabet runique, qui
semble être apparue au début de notre ère, mais seules des traces
épigraphiques plus tardives sont conservées. Cette écriture est surtout
documentée en Scandinavie (en Suède majoritairement) pour la période
viking. Par ailleurs, une dizaine d’inscriptions seulement sont
conservées à travers toute l’Allemagne. Cette rareté laisse supposer
que la majorité des tribus germaniques n’écrivaient pas.
Pline, Tacite et les Germains
Tacite semble
être originaire de Gaule. Il aurait, de ce fait, conservé un intérêt
pour les populations voisines de cette région. Cependant, son œuvre est
basée sur des informations livresques et non sur une connaissance
propre du terrain qu’il aurait pu avoir. Son ouvrage présente, dans une
première partie, des généralités sur les Germains, puis dans une
seconde partie, un catalogue des peuples germaniques.
Dans certains cas, il fait usage de lieux communs présents chez
tous les ethnographes antiques (comme par exemple le désintérêt des
Germains pour l’or, le thème de la libertas des Germains), mais
d’autres informations fournies par Tacite ont été confirmées par
l’archéologie. Dans les aspecta abordés, il insiste surtout sur les
différences entre les Germains et les Romains, notamment du point de
vue de la morale et des usages familiaux, de l’activité guerrière, ….
Cette approche peut s’expliquer par le fait que le public auquel il
s’adresse est romain. D’un point de vue général, il est de moins en
moins précis quand il traite des régions les plus éloignées de la
Germanie.
Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, aborde aussi la Germanie.
Il se serait rendu personnellement en Germanie. Il fait partie
des sources que Tacite a utilisées.
La Germanie
Pline indique
que toute la côte entre l’Escaut et la Vistule est occupée par des
Germains. Il complète ce cadre géographique en précisant que les
Germains vivaient aussi dans une île importante : la Scandinavie. Il
mentionne l’existence, sur ce vaste territoire germanique, de plusieurs
fleuves et d’une chaîne de montagne (les forêts de Bohème et de
Thuringe, ainsi que les monts métallifères, la frontière entre
Allemagne et République Tchèque), ainsi que d’autres îles « Dispersées
dans la mer Germanique » (qui correspondraient aux îles se trouvant
entre les Pays-Bas et le Danemark). Par ailleurs, il estime qu’à son
époque (sous les Flaviens), la Germanie n’est pas encore complètement
connue des Romains.
Quelques caractéristiques des Germains
Une unité
politique germanique n’a jamais existé. Mais ces différentes tribus
partageaient un fond culturel commun, tant du point de vue linguistique
que religieux.
Selon Tacite, l’ensemble des Germains auraient eu les yeux bleus et les
cheveux blonds, ainsi que des corps puissants. Il attribue aux Suèves
une coiffure spécifique, les cheveux relevés et attachés sur le côté de
la tête (le nœud suève). Cependant l’archéologie atteste d’un usage
plus étendu de cette coiffure chez les Germains.
Le plus important de leur dieux est appelé Mercure par Tacite. Sous
cette dénomination latine, il doit s’agir d’Odhinn / Wotan / Woden /
Wothanaz. C’est le dieu de la victoire et de la magie, protecteur des
cargaisons, détenteur du savoir, il connait toutes les destinées. Son
assimilation avec Mercure repose sur son apparence, celle d’un voyageur
au visage dissimulé sous un capuchon, et de sa compétence en ce qui
concerne les cargaisons.
Toutes les tribus germaniques semblent être originaires du sud de la
Scandinavie et du Jutland (Danemark). Certains groupes auraient
entrepris leur migration vers le sud vers 1000 av. n. ère. Mais ils
n’apparaissent dans les sources classiques qu’à partir de la fin du IIe
s. av. n. ère, lors de l’invasion des Cimbres et des Teutons dans le
sud-est de la Gaule.
Pistes
bibliographiques
> Sources
PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, tome IV, A. SILBERMAN, H. ZEHNACKER trad., Paris, 2015 (CUF).
TACITE, Vie d’Agricola, A.-M. OZANAM trad., La Germanie, J. PERRET trad., Paris 1997 (Classiques en poche).
> Publications
O. DEVILLERS, "Images du Germain dans la Germanie de Tacite", dans Vita Latina, t. 182, 2010, p. 75-84.
S. POLET, L’historien romain Tacite est-il né en Gaule Belgique ?, janvier 2017.