Les
Phéniciens ont vécu sur la côte levantine, dans l’est de la
Méditerranée. Aujourd’hui, cette région est celle du Liban et de la
Syrie. Ils faisaient partie des peuples qui parlaient une langue
sémitique (comme l’arabe, l’araméen, l’hébreu, l’akkadien…).
A la toute fin du 2ème millénaire ou au début du 1er millénaire avant
notre ère, ils ont inventé une nouvelle écriture. C’était un alphabet.
Il ne s’agissait pas du premier alphabet de l’histoire, puisque
Ougarit, un royaume voisin (dans l’actuelle Syrie), avait déjà créé un
alphabet. Cependant, celui des Phéniciens a eu une postérité
importante. De nombreuses autres écritures antiques ont été basées sur
lui. Cet héritage fait partie de nos racines, européennes, puisque
l’alphabet latin descend de celui des Phéniciens.
L’alphabet d’Ougarit était une écriture cunéiforme. Elle était tracée
grâce à un calame qui était enfoncé de différentes manières dans
l’argile des tablettes pour imprimer des coins. C’est la raison pour
laquelle il est appelé cunéiforme. Si cette technique était déjà
employé en Mésopotamie, les signes cunéiformes d’Ougarit sont bien
différents de ceux de Mésopotamie. L’alphabet d’Ougarit comptait
environ 30 lettres.
L’alphabet phénicien, lui, était constitué de 22 signes qui étaient
tracés avec de l’encre, sur du papyrus par exemple. Il est le plus
ancien alphabet qu’on appelle linéaire. Il était écrit de droite à
gauche. Seules les consonnes étaient écrites en phénicien, comme dans
de nombreuses autres traditions scripturales sémitiques, dont l’arabe
et l’hébreu aujourd’hui par exemple.
Les lettres de l'alphabet phénicien
Suite aux contacts commerciaux entretenus par les Phéniciens avec
d’autres civilisations du Proche-Orient et de Méditerranée, l’alphabet
s’est diffusé à travers une vaste zone géographique, en quelques
siècles. C’est ainsi que les Grecs, les Araméens, les Hébreux, ou
encore les Phrygiens, ont adopté l’écriture. Ils se sont inspiré
fortement de l’alphabet des Phéniciens. Mais chacun a dû adapter les
caractères aux sons de sa propre langue.
Les Grecs, puis à leur suite, les Étrusques et les Romains, ont utilisé
certaines lettres pour écrire les voyelles. Cela a été possible,
notamment pour les langues indo-européennes comme le grec ou le latin,
car elles ont moins de consonnes que les langues sémitiques. De ce
fait, certaines lettres phéniciennes n’étaient pas utilisées et une
nouvelle prononciation a pu leur être attribuée.
Certains peuples ont conservé le sens de lecture phénicien, de droite à
gauche, tandis que d’autres l’ont inversé et ont commencé à écrire de
gauche à droite, comme nous.
Si nous pouvons lire et comprendre le phénicien aujourd’hui, c’est
grâce au travail de déchiffrement réalisé par Jean-Jacques Barthélémy
au 18ème siècle, et plus précisément en 1758. Pour y parvenir, il a
utilisé un texte connu sous le nom de cippe de Malte. C’est une
inscription gravée dans la pierre. Elle contenait une dédicace bilingue
phénicien-grec, en l’honneur du dieu grec Héraclès et de son équivalent
phénicien, Melqart. Le cippe de Malte peut aujourd’hui être admiré au
musée du Louvre, à Paris. Un autre, presque identique, est toujours à
Malte, conservé au musée d’archéologie national de La Valette.