L’ambre
est une résine, qui a été fossilisée au cours des siècles et des
millénaires, par le contact avec l’eau de la mer. Pendant l’Antiquité,
elle était récoltée sur les rivages de la mer Baltique, située au nord
de l’Europe. Même si elle est moins abondante de nos jours, elle peut
encore se rencontrer dans cette région. Sa couleur peut varier entre le
jeune pâle et le brun. Parfois, des insectes ou des petits végétaux ont
été emprisonné dans la résine avant qu’elle ne durcisse.
A
l’origine, elle provenait des arbres d’une forêt subtropicale dont
l’existence date d’il y a environ 50 millions d’années. Cela correspond
à la période géologique de l’éocène, pendant l’aire tertiaire. En
effet, à cette époque, la zone baltique n’était pas une mer, mais une
forêt.
Certains auteurs latins ont donné à l’ambre le nom de succin, parce qu’elle était constituée du suc d’anciens arbres.
Fragments d'ambre brut découverts dans une épave antique
Selon
la légende, l’ambre était formée par les larmes de déesses. Dans la
tradition gréco-romaine, Phaéton, le fils du dieu solaire Hélios avait
demandé à son père l’autorisation de conduire son char et ses chevaux,
qui transportaient le soleil dans le ciel. Hélios lui avait dit que
c’était très dangereux, mais l’autorisa quand même à essayer. Mais
Phaéton a perdu le contrôle de l’attelage. Il a failli brûler la terre.
Pour l’en empêcher, Zeus a foudroyé le char et Phaéton est mort. Ses
sœurs, appelées les Héliades, ont pleuré très longtemps leur frère
disparu au pied de son tombeau. Elles y seraient restées pendant une
tellement longue période, qu’elles auraient pris racines et se seraient
transformées en arbres. Leurs larmes seraient alors devenues de
l’ambre. Ce mythe est connu grâce au poète Ovide. Il le raconte dans
son ouvrage intitulé « Les métamorphoses ». Diodore de
Sicile, Lucien de Samosate et Nonos de Panopolis en parlaient aussi
dans leurs œuvre.
Les
habitants de la Méditerranée appréciaient l’ambre. Ils l’utilisaient
pour fabriquer des bijoux et des amulettes. Parfois aussi, ils
l’intégraient à la recette de médicaments, pour soigner divers maux.
Elle était considérée comme un produit de luxe et avait une grande
valeur.
L’ambre
était déjà connue par les peuples du sud de l’Europe dès le 2ème
millénaire avant notre ère. Des perles d’ambre ont, par
exemple, été retrouvées sur des sites archéologiques des Mycéniens, en
Grèce. Au 1er millénaire avant notre ère, les Étrusques, qui vivaient
en Italie, ont aussi travaillé l’ambre.
Mais
comment l’obtenaient-ils ? C’est grâce aux commerçants qui ont
développé la route de l’ambre, ou plutôt les routes de l’ambre. En
effet, il s’agit de plusieurs itinéraires qui traversaient l’Europe du
nord au sud, en suivant les vallées fluviales. Les habitants de cette
vaste région, qu’il fallait traverser, étaient les Germains. C’étaient
eux également qui vivaient sur les rives de la mer Baltique, au nord
des Pays-Bas, au Danemark, en Allemagne et dans le nord de la Pologne.
C’est
pendant l’âge du Bronze que le commerce de l’ambre a commencé à se
développer. En quittant la Baltique, les marchands suivaient l’Elbe, un
grand fleuve du nord de l’Allemagne, en remontant le courant. Ils
rejoignaient ainsi la Bohème, dans l’actuelle République Tchèque. Puis,
ils se dirigeaient encore plus au sud, vers la vallée du Danube.
Ensuite, ils traversaient les Alpes à travers l’Autriche moderne, pour
atteindre le nord de l’Italie et de la mer Adriatique. Il
y avait des variantes de cette route. L’une d’entre elle bifurquait
vers l’ouest après le passage en Bohème. Via la vallée du Main, puis en
direction du Rhin, du Doubs, de la Saône et du Rhône. Elle aboutissait
en Méditerranée par le sud de la France. D’autres
routes, plus à l’est, ont été fréquentées pendant la période romaine.
Elles partaient le long de la Vistule ou de l’Oder. Depuis la Vistule
et le Dniepr ou le Dniestr, on aboutissait en mer Noire. La route de
l’Oder permettait de rejoindre le Danube et les Alpes, comme la route
de l’Elbe. Il
était aussi possible de contourner l’Europe par la mer du Nord, la
Manche et le littoral atlantique pour entrer en Méditerranée par le
Détroit de Gibraltar. Cette route était surtout utilisée par les
Celtes. Pour le commerce de l’ambre, cette route maritime a
probablement été moins utilisée que les itinéraires fluviaux dont on
vient de parler.
Le
commerce de l’ambre s’est intensifié au début de la période impériale
romaine, au 1er siècle de notre ère. En échange de la précieuse résine,
les Romains offraient de la vaisselle en bronze, en argent ou en verre,
des monnaies, des épées… L’ambre
était importée sous la forme de fragments bruts. Ils étaient sculptés
pour devenir des perles et des amulettes, lorsqu’ils arrivaient dans le
monde méditerranéen.